Mon héroïne
De voir cette confiture étalée sur ma tartine
Je pense parfois à ma propre déconfiture
Ce jour-là, à la cantine.
Oui, ce jour-là j’ai découvert ma fausse héroïne
Ou comment avec moins de fritures
Mon quotidien fait de murs est devenu régime.
Je venais de déménager, j’avais du mal à m’intégrer,
Et je me disais : « l’été on y est sous peu,
Alors ce serait chic d’en perdre un ou deux… »
Un ou deux, ou plutôt dix.
Bientôt j’ai eu du mal à compter,
L’impression de tomber dans un puits,
De sentir ma raison m’abandonner.
Bien vite, les autres ont commencé à se moquer,
De moi, de lui, comme si moi-même, le prix
Je ne l’avais pas assez payé.
D’un hier un peu enveloppé
- Ce beurre doux si généreusement tartiné -
Mon quotidien s’est salement dégonflé,
Au point d’avaler tout sec le pain grillé.
Nuits et jours mon estomac criait
Eux fouillaient dans mes affaires
A la recherche de drogues
Mais sans jamais rien trouver, ni dealers
Ni dialogues.
Depuis j’ai réussi à m’en sortir,
A ne plus dépérir de la sorte,
Pour çà j’ai commencé à écrire,
Raconter ma vie de cloporte.
Repris goût à la saine nourriture
Et c’est bien grâce à elle,
Son absence de fioritures,
Sa beauté naturelle…
Le matin quand je mange,
Elle est barbouillée de fraises
Sourit quand mes doigts la caressent
C’est peut-être çà le bonheur :
Trouver son héroïne, la vraie,
L’embrasser sur les lèvres
Et ouvrir les yeux sur ces petits moments
D’allégresse !
A Sandrine et Lily…